Né sur internet en 2011, le site le plus intéressant du skate sort aujourd’hui sur papier. 224 pages d’articles qu’on n’aurait probablement jamais relus s’ils n’avaient pas été imprimés, agrémentées d’inédits.
Le succès quasi immédiat de Jenkem fut basé sur le fait que, n’ayant aucune contrainte commerciale, tout pouvait être dit, librement, sans compromis. Si certaines marques ont dû faire la gueule à la sortie de certains articles, elles n’avaient aucun moyen de pression puisque le site n’avait pas besoin d’elles pour se financer.
Dès les premiers articles, Jenkem rappelait Big Brother magazine qui avait fait de la provocation son fonds de commerce. Le gonzo journalisme d’Hunter Thompson adapté au skate existait maintenant en version numérique. Et c’est peu dire qu’on avait besoin de Jenkem pour rire de nouveau et nous éclairer sur « les côtés sombres du skate » (sic).
Mais le coût du papier et de la distribution a ramené Jenkem à la réalité à laquelle font face tous les autres magazines. Pour exister physiquement, il a fallu faire des compromis. Si les trois quarts du bouquin sont un best of des articles les plus intéressants publiés sur le site, certains inédits sont loin d’être aussi pertinents : un tour Converse en Asie, une interview de Sage Elsesser et une autre de Zered Bassett (tous les deux chez Cons) viennent se poser comme un cheveu sur la soupe. Et quand le bouquin annonce un fier NO ADS sur la quatrième de couverture, un logo Converse/Cons orne la tranche… Ian Micha, le rédacteur-en-chef, reconnaît même à la fin du livre qu’il n’aurait jamais vu le jour sans l’argent de Converse.
Enfin bon, j’ai tout de même pris un immense plaisir à relire l’interview de Jereme Rodgers et celle du sniffeur de skate shoes, à retomber sur la fameuse réplique de Marc Johnson « I would not skate for Big Companies Footwear », ou à découvrir la BD originale de Jon Horner où Shane O’Neil est dépeint comme un robot…
Mais le plus intéressant, dans cette histoire, c’est la forme qu’a pris cette version papier du site internet. Une couverture rigide, un tirage qui n’excède pas, à mon avis, les 5000 exemplaires (ce qui est peu pour une distribution mondiale) et un prix de vente élevé (45€). Le livre Jenkem est finalement assez éloigné des magazines classiques (qui disparaissent peu à peu) et laisse présager la forme qu’auront les médias du skate dans le futur. Là où le web et les réseaux sociaux ont pris le relais des magazines, il semblerait que le bon vieux livre imprimé soit l’ultime support physique, au moins dans le skate, comme en témoignent les succès (relaitfs) récents de De Paris, du bouquin Big Brother (Shit), de Agents Provocateurs, etc.
Et après tout, un livre par an à 45€, c’est pas plus cher qu’un an de Sugar à 5,5€ !
Disponible ICI ou dans les bons skateshops.
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