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ABD est un magazine autrichien et comme son nom l’indique, ce n’est pas le premier, mais c’est quand-même le seul. On a mis la main sur le quatrième numéro et on s’est dit qu’on allait appeler Jan Federer, son créateur, pour lui poser quelques questions. – par Florian Debray
Jan, BS flip. Photo : Lorenz Sutter
“IL DEVRAIT TOUJOURS Y AVOIR UN MAGAZINE POUR REPRÉSENTER UNE SCÈNE”
Est-ce que tu peux nous expliquer comment tu as commencé ton magazine, ABD ?
Jan Federer : Je pense que c’était il y a deux ans… Ça a commencé avec un projet vidéo qui s’appelait The Cornerstore movie, réalisé par Frido Fiebinger, Johannes Wahl et Paul Labadie. Je commençais à peine à prendre des photos et c’est durant le tournage j’ai pu shooter des tricks pas mal. À un certain moment j’ai fini par me dire : « OK, qu’est-ce que je vais faire de toutes ces photos ? ». J’en ai envoyé quelques-unes à des magazines allemands mais comme je n’étais pas un bon photographe à l’époque ils ne les ont pas prises. Mais je voulais quand-même que ces photos soient imprimées, et je suppose que petit à petit, l’idée de faire un magazine est née dans ma tête. Donc Cornerstore a un peu été le point de départ. En plus de ça, il n’y avait aucun autre magazine de skate en Autriche, et il n’y en a toujours pas. À l’époque Philipp Schuster avait fait un magazine qui s’appelait Trottoir, Clemens Nechanski avait fait Mallgrab et Gernot Kinast Last Try. J’aimais bien tous ces magazines…
Et tu es vraiment le seul magazine dans tout le pays ?
Oui et depuis que Philipp et Clemens ont arrêté ça fait quelques années qu’il n’y a plus de magazine. Je me souviens que Frido Fiebinger avait un article dans Kingpin où il disait que c’était étrange que l’Autriche n’ai pas de magazine et c’est ce que je pensais aussi. L’Autriche, surtout à Vienne, dispose vraiment d’une scène unique. Il devrait toujours avoir au moins un magazine pour la représenter.
Combien de temps est-ce que ça ta pris entre l’idée d’imprimer un magazine et le jour ou le premier exemplaire est sorti ?
Je dirais que ça m’a pris environ un an pour collecter tout le contenu du premier numéro… Enfin comme je l’expliquais je n’avais pas vraiment de plan au départ, mais étape par étape j’ai regroupé Cornerstore et quelques autres articles, et à un moment l’idée de faire un magazine est arrivée. Les gens autour de moi me motivaient aussi, mais ça prend toujours un peu de temps de faire un magazine sans budget. Tu commences à réfléchir à comment motiver les annonceurs, à qui est-ce qu’il faut que tu demandes, où trouver les adresses… C’était beaucoup de boulot au début. D’ailleurs à l’époque David Tura m’a aidé. Il était en tour pour le Wurst Case Scenario et il faisait des photos avec les gars de Frank Skateboards. Je lui ai expliqué que j’avais envie de faire un magazine et il m’a donné le contact de votre imprimeur, donc j’imprime au même endroit que vous !
Le quatrième numéro vient de sortir. Est-ce que tu peux me dire ce qui a changé dans le magazine depuis la sortie du premier numéro ?
Je pense que la qualité en général à évolué. Au début je n’étais pas très bon en photo, mais au fur et à mesure des derniers numéros j’ai vraiment essayé d’évoluer et je pense que le dernier est vraiment le plus abouti. En plus de ça j’ai trouvé des personnes qui sont prêtes à mettre à profit leur passion pour le magazine. Nous faisons plus attention aux sujets du contenu, à ce qui est écrit et comment c’est écrit, la qualité des photos, la mise en page… Le dernier numéro est vraiment un cran au dessus en terme de qualité.
Parce que tu as une vision plus claire du résultat que tu as envie d’obtenir ?
En gros j’ai envie de le garder le plus simple possible, les photos restant le sujet principal. Je n’ai pas envie de faire trop de folies avec la mise en page.
C’est quoi les magazines qui t’ont inspiré ?
J’aime vraiment les magazines européens : A Propos, Place, Solo, Grey, DANK… Mais ça pourrait être toutes sortes de magazines. Ma copine a souvent des magazines de mode dans lesquels je puise mes inspirations. Par exemple O32C, Purple Magazine, Kinfolk, pour en nommer seulement quelques-uns… J’aime bien les feuilleter…
Quel est le dernier que tu as lu ?
J’en ai aucune idée en à vrai dire. On a plein de magazines chez nous… J’aime bien en prendre un au hasard le matin en buvant mon café. Ça peut-être Kinfolk comme le Carhartt Skateboarding Annual 3…
C’est quoi le meilleur magazine selon toi ?
C’est difficile à dire. J’aime beaucoup The Skateboard Mag et je suis vraiment triste que Berrics l’ai racheté. Je n’arrive pas à dire ce qu’ils faisaient de différent mais au final c’était juste un magazine cool à avoir…
Tu as mis la main sur le premier exemplaire de Berrics magazine ?
Non je ne l’ai pas. J’ai juste vu la cover et les gens sur Instagram qui devenaient fou à ce sujet, qui la haïssaient à mort ! Ah ah !
La couverture a été un sujet plutôt chaud dernièrement.
Je ne crois pas que la couverture soit horrible. Je l’aime bien d’une certaine façon. Ce qui m’énerve le plus c’est qu’ils ont supprimé tout le contenu de The Skateboard Mag sur Instagram, et ils ont mis l’étiquette du Berrics dessus à la place. Ils auraient dû faire leur propre truc et trouver leur propre public. Je pense que c’est pour ça que les gens sont énervés, parce qu’ils ont supprimés toute l’historique de The Skateboard Mag.
Je suis d’accord mais en même temps le jour où Instragram ferme ses portes imagine seulement toute l’histoire qu’on va perdre… J’espère seulement qu’ils ont gardés leurs archives quelque part…
C’est sûr… Et c’est une raison de plus pour laquelle j’aime faire un magazine. C’est une sauvegarde fiable !
“DU CONTENU PERTINENT QUE TU APPRÉCIES DE REVOIR QUELQUE TEMPS APRÈS”
J’ai vu que tu n’avais pas vraiment de site web pour l’instant. Est-ce que c’est difficile de choisir les articles et les photos à imprimer quand tu sais que le magazine est le seul support dont tu disposes pour diffuser l’information ?
C’est pas vraiment difficile pour moi parce que jusqu’à maintenant tout le contenu du magazine est arrivé d’une façon naturelle. Je sors skater et je récolte du contenu. Mais oui pour le site web il va falloir qu’on fasse plus de choses. Tu ne peux pas le mettre à jour tous les 6 mois avec un article ! Ah ah ! Enfin il y a du contenu que je mettrais dans le magazine et qui sera toujours intéressant de voir sur le site web, mais pour le magazine je souhaite seulement qu’il y ait du contenu pertinent que tu apprécies de revoir quelque temps après…
C’est quoi le truc le plus difficile pour faire tourner un magazine ?
Franchement, le truc le plus difficile c’est de dealer avec les annonceurs. Ça peut vraiment être compliqué.
Parce qu’ils ont des demandes spécifiques ?
Il y a de ça, mais généralement je n’y réponds pas. C’est arrivé une fois qu’une marque souhaite passer de la pub en échange d’un article : « Si vous mettez cet article dans le magazine, on mettra une pub ! ». Déjà je n’aimais pas les photos, et en plus j’avais déjà choisi ce que j’allais publier dans le mag.
Est-ce que tu réagirais de la même façon si une marque te demandais ça une nouvelle fois ?
Ça dépend de la façon dont ils demandent. Si une marque m’approche, qu’on m’explique l’idée et qu’on me demande si je veux en faire partie, alors je suis le dernier à refuser ce genre de demande. Enfin déjà, il faut que j’aime le contenu. Je n’ai pas envie de publier quelque chose que je n’aime pas.
Est-ce que tu penses que le fait que ton magazine ne soit pas en Anglais influence la façon dont les marques pourraient t’approcher ?
À vrai dire je n’y ai jamais vraiment pensé… Peut-être que oui. Pour moi c’est naturel de le garder en Allemand et de le garder en Autriche également. Même si je réalise que doucement le magazine se retrouve en Allemagne, c’est facile de le lire étant donné qu’on parle la même langue. Peut-être que s’il se diffuse plus, pourquoi pas ? Mais j’aime bien la façon dont vous le faites vous, avec la traduction anglaise à la fin. On verra… Étape par étape !
Entretien réalisé par téléphone en novembre 2017.
ABD’s an Austrian mag, not the first one as its name says, but still the only one. We just put our hands on the fourth issue and decided we should give a call to Jan Federer who’s doing it and ask him a couple questions.
Can you explain me how you started ABD?
I think it was two years ago… It all started with a video project called The Cornerstore movie which was done by Frido Fiebinger, Johannes Wahl and Paul Labadie. I was just getting started doing photos and I was able to capture some good tricks during the filming process. It came to the point where I thought: « OK, what should I do with all these photos now? » . I sent some of them to German mags but I wasn’t a good photographer back then, so they didn’t take them. But I still wanted the photos from the movie to be printed and step by step I guess the idea was born to do the magazine. So Cornerstore was my starting point! Also, there were no other magazines in Austria, still there isn’t. Previously Philipp Schuster did a magazine called Trottoir, Clemens Nechanski did Mallgrab and Gernot Kinast Last Try which I all really liked.
And you’re really the only one magazine in the all country?
Yes, and since Philipp and Clemens stopped there has been a few years without any magazine. I remember Frido Fiebinger had an article in Kingpin saying that it’s weird Austria has no magazine right now and thats what I thought too… Austria, especially Vienna has such a unique scene. There should always be at least one magazine to represent it!
How long did it take between the idea of doing a print mag and the day the first issue came out?
I would say that it took me roughly around a year to collect content for the first issue… As I said I didn’t had a plan of what to do in the beginning, but step by step Cornerstore and some other articles came together… And at some point I really liked the idea of doing a magazine. People were motivating me to do it too, but it took quite some time to figure out how to make a magazine with no budget. So you start to think about how to get people motivated to advertize your magazine, who are the people you’re asking to, how do you find addresses… That was a lot of work at first. By the way, at this time David Tura was on tour for the Wurst Case Scenario, photographing with the Frank guys and I told him that I had the idea of doing a magazine. He gave me the contact from your print house, so I’m printing at the same printers as you guys!
The fourth issue just came out. Can you tell me what has changed in the magazine since the first issue?
I think the quality in general. In the beginning I wasn’t really good at shooting photos. But through the last few issues I really tried to evolve in shooting and in layouting and I think it came out a little bit better from issue to issue. I also found more people that put their passion into the magazine too. I think we care more about the content now, what’s written, how the photos look, the layout.. The 4th issue is for sure our biggest step in quality.
Because you get to have a better understanding of where you’re going?
Well, basically I want to keep it as simple as possible, the pictures being the main topic and the words written down. I don’t wanna go too crazy with the layout.
Which magazines have been an inspiration ?
I really like the European magazines : A Propos, Place, Solo, Grey, DANK… But it could be all kind of magazines. My girlfriend has all those fashion magazines I take inspiration from too. Like O32C, Purple Magazine, Kinfolk to name just a few… I just like browsing through them.
What’s the last one you read ?
Wow… I have no idea, actually. We have a lot of magazines in our apartment, and I like to have a cup of coffee in the morning and grab a random magazine. It could be Kinfolk or the Carhartt Skateboarding Annual 3.
What’s the best skatemag ever to you ?
That’s a tough one. I really liked The Skateboard Mag, and I’m really sad that Berrics bought that out… I can’t say what they were doing different to other magazines but overall it was just a nice magazine to hold in your hand…
Did you get a copy of the first Berrics mag issue ?
No I didn’t. I have just seen the cover and people getting crazy on Instagram, like hating it a lot !
Yeah the cover has been a pretty hot topic recently.
But still I don’t think the cover is wack. I actually like it somehow. What’s bothering me is that they deleted all the photos from The Skateboard Mag’s Instagram and put The Berrics brand on it. They should start a new thing and get their own audience. I think that’s why people are getting mad because they deleted all the history of The Skateboard Mag.
I agree, but in the same time if Instagram would close tomorrow just imagine the amount of history that would be lost. I just hope that there is still all these archives stored somewhere…
That’s for sure… And I think that’s another reason I like doing a magazine… it’s a safe backup !
I’ve seen you don’t really have a website yet. Is it tough to choose your articles and photos knowing that the paper magazine is the only way to spread information ?
It’s not really hard for me because until this day, all the content for the magazine comes together naturally. I just go out skating and collect content. But yes, for the website we will need to do more stuff. You can’t update it every 6 months with one article! Ah ah ! But there is content I wouldn’t put in the magazine but could be still interesting to put on the website. For the magazine I only want to come up with content that you like to rewatch after a long time…
What’s the hardest thing to do, when running a mag?
Honestly, the hardest thing to deal with is the thing with advertisement. It can be a tough one.
Because they have specific requests?
I got those, but I usually don’t do it. It happened once that a company was willing to advertise only if I would put an article they did when they were skating in Vienna. “If you put that article in the magazine we’re gonna run an ad”. First I didn’t like the photos, and second I had planned my content already.
Would you react the same way if a brand asked you that again?
It all depends on the way they are asking. If a company approaches me and explains me what the plan is and if I want to be part of it, then I’m the last one to say that I won’t put this content. But first of all, I need to like the content. I don’t wanna have content in the magazine that I don’t like.
Do you think that the fact the magazine is not translated in English changes the way brands could be part of it?
Actually I never thought about it… It could be? For me it was natural to keep it in german, the way we speak, and keep it in Austria as well. But slowly the magazine goes to Germany a bit, which is easy because they speak the same language as we do. I don’t know but if it continues spreading more, why not? Actually I really like it the way you guys do it, with the english translation at the end. Let’s see… Step by step!
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